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Les champignons médicinaux : traditions ancestrales et perspective contemporaine

Par 30 septembre 2025Aucun commentaire

Les champignons médicinaux : traditions ancestrales et perspective contemporaine

Article de blog inspiré d’un article que nous avons écrit pour la revue ethnopharmacologia. A noter que notre école de naturopathie intègre un module complet de mycothérapie, ce qu’aucune autre école ne propose véritablement. Nous sommes d’ailleurs le principal spécialiste de la mycothérapie en France et en Europe. Par ailleurs, pour avoir des conseils de mycothérapie, nous recevons aussi en consultation de naturopathie, en visioconférence ou à domicile si vous êtes proche de Saint Etienne.

La mycothérapie, discipline qui exploite les champignons médicinaux à des fins thérapeutiques, pour leurs nombreuses vertus médicinales, puise ses racines dans des savoirs anciens. Autrefois fondée sur l’observation et la tradition, elle s’allie aujourd’hui avec les progrès de la recherche biomédicale : des centaines d’études publiées au cours des dernières décennies témoignent de l’intérêt croissant pour le potentiel thérapeutique des champignons. Dans ce texte, nous commencerons par retracer les origines historiques et culturelles de leur usage, puis nous montrerons comment ces usages ont évolué pour donner naissance à des applications actuelles solides.


Racines anciennes de la mycothérapie

Des usages globaux et symboliques

Partout sur la planète, les champignons médicinaux ont été employés depuis des temps immémoriaux, souvent mêlés à des croyances spirituelles ou magiques — comme dans le chamanisme sibérien ou amérindien. Ces usages n’étaient pas seulement symboliques : ils traduisaient une compréhension empirique des bienfaits réels de certaines espèces fongiques.

Ötzi et les champignons de 5 300 ans

L’une des preuves les plus frappantes de l’ancienneté de la mycothérapie est l’“homme des glaces”, Ötzi, découvert dans les Alpes tyroliennes en 1991. Daté d’environ 5300 ans, il portait sur lui trois champignons médicinaux attachés à des lanières de cuir :

  • Piptoporus betulinus (polypore du bouleau),

  • Inonotus obliquus (chaga, connu en Sibérie),

  • Fomes fomentarius (amadouvier).

Des analyses suggèrent qu’Ötzi souffrait de trichinose intestinale et d’une infection parasitaire, ainsi que d’une atteinte à sa main. Il est donc plausible que le polypore du bouleau lui ait été destiné pour agir sur les œufs parasites dans l’intestin, ou comme laxatif. Le chaga, quant à lui, pourrait avoir été utilisé pour son effet tonifiant et immunitaire, particulièrement utile face au froid et aux maladies hivernales. L’amadouvier, en plus d’avoir servi à la fabrication d’amadou pour le feu, a historiquement été utilisé comme cautérisant ou cicatrisant, par exemple dans certaines pratiques de moxibustion (chauffe des tissus) en Asie.

Dans la tradition gréco-romaine et médiévale

Les civilisations antiques mentionnaient aussi des champignons médicinaux :

  • Le polypore du mélèze (Fomitopsis officinalis), appelé Agarikon dans les traités de Dioscoride, était cité comme antidote aux poisons, remède contre les morsures de serpent, et utilisé pour diverses affections dont les fractures ou la dysenterie.

  • Au Moyen Âge et à la Renaissance, certains ouvrages pharmaceutiques européens maintenaient la mémoire de ces usages, même si la mycothérapie resta souvent marginale devant la phytothérapie dominante.

Cependant, contrairement aux plantes médicinales qui ont traversé les siècles dans les herbiers, les champignons médicinaux ont été moins systématiquement documentés en Europe, leur usage retombant souvent dans l’oubli ou cantonné à des traditions locales.


Le développement de la mycothérapie dans les cultures asiatiques

Chine et Japon : des traditions vivantes

En Chine et au Japon, les usages médicinaux des champignons sont restés vivants et transmis de génération en génération :

  • Le shiitake (Lentinula edodes) est cultivé depuis très longtemps, notamment pour ses propriétés médicinales. On en retrouve des mentions anciennes, même offert en offrande lors d’échanges diplomatiques. Ses usages traditionnels incluent le renforcement de l’énergie vitale (Qi), l’immunité et la digestion.

  • D’autres champignons médicinaux comme le reishi, le cordyceps, le maitake, la trémelle ont été intégrés aux pharmacopées taoïste et traditionnelle chinoise pour leurs effets tonifiants, immunomodulateurs, anti‑inflammatoires, adaptogènes, et plus encore.

Cette tradition de longue date a fourni le socle expérimental sur lequel s’appuie aujourd’hui la recherche occidentale.


Le rôle des champignons médicinaux dans les traditions latino‑américaines et autres cultures

  • En Amérique latine, certaines espèces fongiques à usage psychotrope — comme les champignons Psilocybe chez les Mazatèques (Mexique) — ont été étudiées pour leur rôle chamanique. Mais parallèlement, des champignons comestibles utilisés à l’échelle locale servaient aussi à des usages médicinaux traditionnels (anti-inflammatoires, digestifs, immunitaires).

  • Sur d’autres continents (Afrique, Asie du Sud, Papouasie-Nouvelle-Guinée), des polypores locaux ou des champignons médicinaux autochtones sont employés dans les médecines traditionnelles pour divers usages : antiparasitaires, tonifiants, hémostatiques, etc. Ces savoirs restent souvent transmis oralement et moins publiés. Certains de ces polypores font même partie de la pharmacopée du gorille !


De la tradition à la science : l’évolution de la mycothérapie

L’essor moderne de la recherche

La mycothérapie en tant que domaine scientifique est relativement récente en Occident. Cependant, certains tournants sont marquants :

  • Dans les années 1970 à 1980, le shiitake est l’un des premiers champignons médicinaux à faire l’objet de recherche biomédicale, notamment grâce à ses β-glucanes (lentinane) et à leur capacité à stimuler le système immunitaire.

  • En Asie, certaines molécules extraites de champignons sont incorporées dans des protocoles médicaux, comme le PSK (polysaccharide-K, extrait de Trametes versicolor) reconnu au Japon en oncologie. meditecheurope.co.uk+1

  • De plus en plus d’articles scientifiques — couvrant les effets anti‑inflammatoires, antioxydants, immunomodulateurs ou anticancéreux de champignons médicinaux — sont publiés dans des revues spécialisées comme International Journal of Medicinal Mushrooms. Wikipédia

  • Le domaine “Advances in Mycotherapy” de la revue BMC Complementary Medicine & Therapies compile des travaux récents sur les composés bioactifs des champignons et leurs applications thérapeutiques. Biomed Central

  • Dans le monde pharmaceutique, des voix soutiennent l’intégration des champignons médicinaux dans les pratiques cliniques, en tant que soutiens naturels (immunité, inflammation, métabolisme), sous réserve de validations rigoureuses. Pharmacy Show 2025

Exemples d’applications modernes

  • De nombreuses recherches analysent les extraits de champignons (β-glucanes, polysaccharides, triterpènes, protéines, etc.) pour leur action cytotoxique ou antiproliférative sur les cellules cancéreuses ou comme adjuvants en cancérologie. Bentham Science

  • On observe des effets immunostimulants, anti-inflammatoires, antioxydants et modulants du métabolisme dans des modèles expérimentaux ou précliniques pour des champignons médicinaux tels que le reishi, le cordyceps, le chaga, le maitake ou le pleurote.

  • Des cas d’usage clinique (notamment dans des protocoles complémentaires en oncologie) ont été rapportés, selon certaines firmes spécialisées dans les extraits fongiques. Myko San


Quelques champignons médicinaux phares et leurs profils d’action

Voici quelques exemples de champignons médicinaux largement étudiés pour leurs propriétés médicinales, et souvent utilisés en mycothérapie comme compléments alimentaires :

  • Cordyceps : champignon célèbre pour ses effets tonifiants, adaptogènes, et sa capacité à soutenir la production d’ATP, la résistance au stress et la fonction immunitaire. Ce puissant tonique possède des principes actifs tels que l’acide cordycépique ou la cordycépine, aux nombreuses propriétés. C’est un anti inflammatoire, protecteur du foie et des reins, utile pour limiter les réactions allergiques. Il possède aussi des vertus diurétiques. Pharmacy Show 2025

  • Reishi (Ganoderma / Lingzhi) : reconnu pour ses propriétés immunomodulatrices, relaxantes, hépatoprotectrices, antioxydantes, et anti-inflammatoires. Ce champignon médicinal est un stimulant de la réponse immunitaire et des lymphocytes B. En stimulant le foie, il favorise aussi la digestion. Wikipédia+1

  • Shiitake : source de lentinane et de beta 1-3 d glucane, utilisé pour stimuler l’immunité et le système nerveux, réduire le cholestérol, protéger le système cardiovasculaire. Dumas+1

  • Maitake (Grifola frondosa) : réputé pour ses effets sur le métabolisme, la glycorégulation, et le soutien immunitaire. Il stimule les globules blancs. Wikipédia

  • Trémelle (Tremella fuciformis) : souvent employée en cosmétique traditionnelle chinoise pour ses capacités hydratantes, régénérantes et anti-âge. C’est aussi un anti oxydant, expectorant, utile dans les petites affections respiratoires, et régénérant neurologique.

  • Pleurote : étudié pour ses β-glucanes dans des contextes antioxydants, antimicrobiens, et métaboliques. Il permet également la régulation de la glycémie et du taux de cholestérol sanguin. arXiv

  • Chaga (Inonotus obliquus) : renommé pour ses propriétés antioxydantes, immunitaires et ses composés actifs (bétuline, acide bétulinique) concentrés issus du bouleau dont il parasite l’écorce. C’est le plus puissant antioxydant connu, anti radicaux libres et doté de vertus cicatrisantes, notamment de la muqueuse intestinale (intestin grêle et côlon), et anticancer remarquables. Comme il contient aussi de l’acide salicylique, c’est un anti inflammatoire en cas de problème articulaire. On l’utilisera surtout dans les troubles articulaires de type arthrite ou rhumatismes.

  • Hericium (Hericium erinaceus) : ce champignon appelé lion’s mane, tant il évoque la crinière d’un lion, est également un excellent régénérant neurologique, comme la trémelle. Mais il est également utile pour soulager des maux d’estomac et du duodénum, y compris en cas d’ulcère ou de brûlures stomacales dû à Helicobacter pylori.

La plupart de ces champignons médicinaux sont disponibles en extraits buvables, ou même en gélules.


Vers un avenir prometteur pour la mycothérapie

La mycothérapie est désormais à la croisée de deux mondes : les savoirs traditionnels anciens et les méthodes scientifiques modernes. Alors que les plantes médicinales font l’objet d’investigations depuis le XIXᵉ siècle, l’étude des champignons à usage thérapeutique reste plus récente — mais connaît une croissance rapide. De plus en plus de travaux sont publiés, révélant des mécanismes moléculaires, des profils de sécurité, et des applications cliniques potentielles. Biomed Central+2Pharmacy Show 2025+2

L’intérêt pour les champignons médicinaux ne se limite plus aux herboristeries ou aux cercles spécialisés : certains milieux pharmaceutiques envisagent leur intégration dans des approches intégratives, comme des soutiens naturels, modulant l’immunité, le métabolisme, l’inflammation, sans les effets secondaires caractéristiques de nombreux médicaments. Pharmacy Show 2025

En somme, longtemps confinée aux traditions locales, la mycothérapie semble promise à occuper une place de choix dans la médecine préventive et complémentaire du XXIᵉ siècle — à condition que la rigueur scientifique, la sécurité, la traçabilité et l’éthique de récolte restent au cœur de son développement.

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